Il y a quelques mois, j’ai eu l’honneur et le grand privilège d’être invitée par Jack Daniel’s pour visiter sa distillerie à Lynchburg, Tennessee. Dans mon rêve américain, j’ai pu récolter quelques anecdotes à propos de cette marque mythique et légendaire de whiskey (enfin, de Tennessee Whiskey pour être plus précis). Vous êtes prêts à embarquer dans ma valise ? Et promis, contrairement à la compagnie aérienne, je ne vous perdrai pas.
Nashville, Tennessee. C’est dans la capitale de l'État américain que démarre notre voyage. Après une première immersion dans un bar dans le quartier de Downtown Nashville (avec un Jack & Coke et notre amie modération évidemment), nous avons pris la route jusqu’à Lynchburg où se trouve la distillerie Jack Daniel’s depuis sa création en 1866. C’est d’ailleurs la première distillerie enregistrée aux États-Unis ! L'entreprise devenue aujourd’hui mondialement reconnue a été créée par, sans surprise, Jasper Newton Daniel dit “Jack”.
Nous voilà arrivés à Lynchburg. Nous découvrons ainsi l’ensemble de la production puisqu’encore aujourd’hui, chaque goutte de whiskey est produite ici. De la fabrication du charbon à la distillation en passant par la mise en bouteille, nous passons en revue toutes les étapes qui font de ce bourbon un Tennessee Whiskey mythique. À travers mon voyage et les rencontres de différentes personnes travaillant pour Jack Daniel’s, je me suis amusée à noter quelques petites anecdotes dont je vais (essayer) de vous livrer les secrets.
L'entrée de la distillerie Jack Daniel's à Lynchburg, Tennessee. Crédit : Célia Papaïx
Le mystère du chiffre 7
Si je vous dis Jack Daniel’s, vous me répondrez certainement “numéro 7”. Mais ce chiffre 7, c’est quoi finalement ? Et bien, on ne le sait pas vraiment ! L’entrepreneur à la tête de l’entreprise éponyme a toujours cultivé le mystère quant à l’explication du Jack Daniel’s Old No.7. Cependant, il y a quelques rumeurs qui pourraient l’expliquer. Pour certains, il s’agirait de la 7e tentative de Mr Jack, qui aurait donc échoué 6 fois avant de trouver sa recette inégalée (et toujours inchangée à ce jour). Pour d’autres, ce chiffre aurait un rapport avec sa vie amoureuse. En effet, l’homme aurait eu de nombreuses conquêtes mais la 7e aurait été sa préférée. Ou alors est-ce un clin d'œil au tracé du “J”, signature du fondateur ?
L'emblatique Number 7 de Jack Daniel's. Crédit : Célia Papaïx
Tout le monde y va de son interprétation mais malheureusement, nous ne saurons jamais la vérité (on a essayé de déceler le vrai du faux et même en ayant visité le bureau de Jack Daniel’s, nous n’avons pas trouvé la réponse…).
Bureau de Mr Jack. Crédit : Célia Papaïx
Une histoire qui se termine de manière… absurde
Encore aujourd’hui, il n’y a aucune trace exacte sur la date de naissance de Jasper Newton Daniel. Benjamin d’une grande fratrie, il quitte le domicile familial à ses 10 ans et est alors recueilli par le pasteur Dan Call. Il fait ses premiers pas dans le monde de la distillerie mais c’est aux côtés de Nathan “Nearest” Green (un esclave qui sera affranchi après la Guerre Civile) qu’il apprend tout sur le processus de la distillation, et notamment de la filtration au charbon. Car si vous ne le saviez pas, les Tennessee Bourbons sont des whiskeys filtrés dans du charbon pour enlever le côté “huileux” (ce sont les seuls bourbons à le faire, d'où cette appellation spécifique). Dans ces grandes cuves de filtration, le whiskey est alors purifié avant d’être mis en fût pour le processus de maturation.
Statue de Jasper Newton Daniel. Crédit : Célia Papaïx
C’est grâce à Nathan Green que Jack apprend tout de cette étape qui a été “importée” avec les esclaves venus d’Afrique. Le génie de Jack et la technique de Nathan Green ont ainsi pu faire naître ce Tennessee Bourbon que l’on connaît tous aujourd’hui.
Mais revenons-en à notre anecdote. Quelques années après avoir créé son empire malgré sa petite taille d’1m57 (comme quoi la taille ne compte pas pour faire de grandes choses dans la vie), Jack Daniel périt dans un accident domestique pour les moins… absurdes. Connu pour son tempérament et son impatience, Mr Jack décède en 1911 d’une septicémie. La cause ? Un matin, alors pressé d’ouvrir le coffre-fort dans son bureau, le gentleman oublie son code. Il assène donc un violent coup de pied et se casse le gros orteil. La plaie s’infecte et il meurt. Sans épouse et sans enfant, Mr Jack lègue ses terres et sa distillerie à son neveu, Lem Motlow, qui devient le nouveau Master Distiller de Jack Daniel’s.
Bureau de Mr Jack. Crédit : Célia Papaïx
Le fameux coffre-fort qui a tué Mr Jack. Crédit : Célia Papaïx
Quant à la descendance de Nathan Green, elle fait encore partie de l’entreprise aujourd’hui.
Le charbon, un ingrédient essentiel dans la fabrication du Tennessee Whiskey
L’un des secrets du succès de Jack Daniel’s, c’est sans aucun doute l’internalisation de chaque étape de fabrication. À commencer par la filtration au charbon. Comme je vous le disais juste avant, Mr Jack a ajouté cette étape grâce au savoir-faire de son mentor, Nathan Green. Et parce qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même, l’entreprise fabrique son propre charbon ! Chaque semaine (entre 1 à 3 fois selon les besoins), les équipes dédiées au charcoal font brûler des palettes de bois d’érable. Pour embraser ces lattes de bois d'érable, ils les arrosent de whiskey (du Jack Daniel's évidemment) afin de donner des arômes. Ensuite, ils viennent refroidir avec de l’eau (mais sans le noyer) puis le laissent sécher toute une nuit dehors. J’en ai d’ailleurs profité pour laisser une petite trace là-bas (“Yes, I was here”).
![production de charbon chez Jack Daniel's](https://www.demotivateur.fr/uploads/jack_daniels_7.jpeg)
![le whisky qui sert à enflammer les palettes de bois](https://www.demotivateur.fr/uploads/jack_daniels_8.jpeg)
![fabrication du charbon chez Jack Daniel's](https://www.demotivateur.fr/uploads/jack_daniels_9.jpeg)
Différentes étapes de la fabrication du charbon. Crédit : Célia Papaïx
Quand les cuves de filtration sont changées (tous les ans environ), le charbon est alors recyclé et séché puis transformé en grain destiné à la vente. Aucune perte ! Si ce n’est pas le charbon parfait pour vos prochains barbecues avec la saveur inimitable signée Jack Daniel’s, on ne sait pas ce qu'il vous faut.
Derrière ce spectacle tout feu tout flamme, c’est toute une production qui en dépend. Car la qualité du charbon va forcément influencer la qualité de l’alcool qui y sera filtré et qui donnera un Tennessee Bourbon réputé dans le monde entier.
En train de signer avec un morceau de charbon chez Jack Daniel's. Crédit : Célia Papaïx
Crédit : Célia Papaïx
La clé du succès ? Une recette inchangée et une méthode historique
C’est en 1866 que Mr Jack rachète la petite affaire du pasteur Call. Depuis sa création, l’entreprise n’a cessé de grandir et de se développer. Mais ce qui fait encore son succès aujourd’hui, c’est la méthode historique apprise avec Nathan Green et la recette qui n’a pas bougé d’une seule goutte. Lors de ma visite, j’ai pu approcher la source directe du whiskey. De la grotte (Cave Spring) située sur les terres de Mr Jack jaillit une petite source d’eau qui entre dans le processus de fabrication depuis les toutes premières bouteilles jusqu’à aujourd’hui. “Le whiskey c’est des céréales, de l’eau et du bois. C’est tout”, nous explique Chris Fletcher, Master Distiller chez Jack Daniel’s. Alors des céréales oui, mais pas n’importe lesquelles.
La source "Cave Spring" dont s'écoule l'eau pure, ingrédient nécessaire à la fabrication du whiskey Jack Daniel's. Crédit : Célia Papaïx
Jasper Newton Daniel avait réussi à trouver le dosage parfait entre différentes céréales pour obtenir le breuvage subtil et équilibré. 80% de maïs, 12% d’orge et 8% de seigle. Et on ne va pas changer aujourd’hui ! Le maïs assure la finesse et la douceur, le seigle apporte des notes robustes et épicées, et l’orge lie le tout dans une belle onctuosité. Une fois les céréales mélangées et broyées, la distillerie ajoute sa levure maison pour une fermentation de 6 jours puis la seule et unique distillation s’opère dans des alambics en cuivre à 70°C.
Crédit : Célia Papaïx
Quant au bois des fûts (du chêne blanc américain, d’abord toasté puis brûlé), il s’agit là aussi d’un des ingrédients essentiels pour l’élaboration du whiskey. Il apportera la couleur et les saveurs au bourbon pendant le vieillissement, nous explique Byron Copeland, responsable du vieillissement en fût, Master Taster et responsable du programme d’accélération du leadership (oui oui, rien que ça). “Je connaissais -presque- tout sur les 'barrels'. Mais j’ai appris tout le reste ici, de la graine à la mise en fût. Mon rôle est de maintenir notre authenticité et de respecter la méthode traditionnelle pour faire du whiskey.”
Fûts chez Jack Daniel's. Crédit : Célia Papaïx
À chaque étape, tout est testé à la main pour garantir un produit fini de qualité. Et c’est ça qui fait le succès de Jack Daniel’s. Ça, et les hommes et les femmes derrière.
Jack Daniel’s : une success story familiale
Derrière la légende de Jack Daniel’s, il y a une grande famille. Celle de Mr Jack, celle de Nathan Green mais aussi de nombreux hommes et femmes qui travaillent tous les jours pour vous offrir des dégustations inoubliables. Depuis plus de 150 ans, le savoir-faire de la distillerie a su rester identique grâce à une transmission de génération en génération. Aujourd’hui, c’est une mission qui appartient à Chris Fletcher, vice-président, Master Distiller et directeur de la qualité chez Jack Daniel’s. Originaire de Lynchburg, pour lui l’entreprise c'est une affaire familiale.
Session de dégustation privée avec Chris Fletcher, Master Distillerie de Jack Daniel's. Crédit : Célia Papaïx
En effet, son grand-père était Master Distiller et ses parents travaillaient à la distillerie. Il fait ses débuts encore jeune chez Jack Daniel’s en tant que guide touristique pendant l’été. Après l’obtention de son diplôme en chimie, il revient dans l’entreprise en 2014 avant de devenir Master Distiller 6 ans plus tard. Son inspiration ? Son grand-père, Franck “Frog” Bobo, à qui il doit beaucoup. “C’est très important pour moi de faire comme lui, de transmettre son héritage et de continuer à faire du whiskey de la même manière qu’il le faisait. Il a été une vraie influence et inspiration pour mon parcours. Je m’applique tous les jours à faire le meilleur bourbon et cherche à m'améliorer tout le temps.”
Au fur et à mesure des années, la gamme Jack Daniel’s a accueilli de nouvelles références : l’iconique Jack Daniel’s Old No.7 bien sûr, les aromatisés (Apple, Fire et Honey) au caractère de Jack avec une touche en plus, le Gentleman Jack et sa personnalité raffinée ou encore la collection Single Barrel (c’est à dire que chaque fût est une unique production, contrairement au Jack Daniel’s Old No.7 où tous les fûts sont mélangés pour obtenir un liquide identique à chaque bouteille). Cette dernière collection est une véritable expérience sensorielle, notamment le Jack Daniel’s Single Barrel Rye avec sa majorité de seigle (70%) qui offre une dégustation profonde et puissante aux notes de fruits mûrs et boisés au nez puis de vanille et caramel en bouche avec une finale épicée et poivrée. La gamme Single Barrel se complète avec le Jack Daniel’s Single Barrel Select et le Jack Daniel’s Single Barrel Barrel Strenght.
Enfin, la collection Bonded Series vient agrandir la grande famille Jack Daniel’s. Cette collection tire son nom de l’appellation “Bottled-in-Bonded”, qui stipule que le whiskey doit provenir d’une seule distillerie, être produit lors d’une seule saison de distillation et vieilli pendant au moins quatre ans et embouteillé à 50%. Ces références ont été pensées pour le bar et les cocktails premium et invitent à explorer de nouveaux horizons. Elle se compose de trois bouteilles : Jack Daniel’s Bonded, Jack Daniel’s Triple Mash et Jack Daniel’s Bonded Rye (notre préférée).
Si le Jack se déguste parfaitement sur glace ou sec, il est aussi une référence intemporelle des cocktails.
Un contenant (presque) aussi culte que son contenu
La bouteille Jack Daniel’s est reconnaissable entre mille. En effet, lorsqu’il a commencé à embouteiller sa production, Mr Jack souhaitait un flacon unique pour présenter son Tennessee Whiskey. Après de nombreuses propositions de son fabricant de verre et de nombreux refus, l’entrepreneur porte son attention sur une bouteille de forme carrée. Et là c’est le coup de foudre ! L’homme d'affaires aurait même dit en souriant : “A square bottle for a square shooter like me” (“une bouteille carrée pour un homme qui l’est tout autant”). Et il avait raison ! Plus d’un siècle plus tard, on reconnaît immédiatement la marque juste en voyant la forme de la bouteille. Évidemment, la bouteille a connu quelques améliorations et changements (on vous met un visuel juste après), et encore aujourd’hui puisque Jack Daniel’s Old No. 7 se pare d’un nouvel écrin en 2024. Rassurez-vous, il n’y a quasiment pas de changement.
Évolution des bouteilles Jack Daniel's. Crédit : DR
La nouvelle bouteille reste fidèle à la vision de Mr Jack et voit juste ses épaules s’arrondir mais elle conserve la forme carrée mythique et l’étiquette noire et blanche originelle, si reconnaissable. Malgré ce petit changement du flacon, le contenu, lui, ne bougera pas d’une goutte.
Frank Sinatra à l’origine d’une pénurie de Jack Daniel’s ?
Cette anecdote vous étonne ? Et bien, nous aussi. Encore plus quand on a appris que le chanteur serait enterré avec une bouteille de Jack Daniel’s ! Car oui, Frank Sinatra fait partie des premiers à faire de Jack Daniel’s “la marque des rock stars”. À chaque concert, celui qu’on surnommait “Ol’ Blue Eyes” ou encore “The Voice” montait sur scène avec un verre de Jack Daniel’s (qu’il appelait “nectar des dieux”). Les ventes ont alors explosé et ont créé une pénurie car la demande était trop forte par rapport à la production. Le crooner à la voix inoubliable pensait même qu’il était le premier à découvrir Jack Daniel’s ! C’est donc la raison pour laquelle il serait enterré avec une bouteille de Jack et qu’une cuvée en son honneur a été créée (la Sinatra Select).
Merci à Eric Tecosky, aka E.T., Brand Ambassador Jack Daniel’s de nous avoir raconté cette petite anecdote lors d’un atelier cocktail (que j’ai gagné, mais je vous en parlerai plus tard).
Mon cocktail Peachy Baby au Jack Daniel's Old No. 7 ! Crédit : Célia Papaïx
Maintenant que vous savez (presque) tout sur Jack Daniel’s, on parie que vous allez encore plus apprécier votre prochain verre de Jack Daniel’s Old No. 7(et pas que) ! On se retrouve très vite pour un épisode consacré aux cocktails élaborés avec Jack Daniel’s et promis, je vous partagerai la recette qui m’a fait gagner (et que vous allez adopter, même si vous pensez ne pas aimer le whiskey).
Merci Jack Daniel's pour ce très beau voyage. Crédit : Célia Papaïx
Article réalisé dans le cadre d’un voyage de presse organisé par So Wine pour Jack Daniel’s.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.