En foulant les rues des grandes villes françaises, difficile de ne pas croiser des restaurants, coffee-shops et autres food trucks conceptuels et « gluten free ». Cette tendance, arrivée il y a quelques années dans l'hexagone, a en effet toujours le vent en poupe. Pourtant, si les aficionados du sans gluten pensent se maintenir en forme en adoptant un tel régime, un groupe de scientifiques vient d'ébranler toutes les convictions des foodistas avec une étude publiée en mai qui remet les pendules à l'heure.
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Le gluten, cet ensemble de protéines que l’on retrouve dans la plupart des céréales et dont la consommation cause des problèmes de santé et notamment des risques de maladies coronariennes à 1% de la population, s'est attiré les foudres des foodies depuis quelques années. Ces derniers, persuadés que le gluten devrait être banni de toute alimentation, ont rapidement adopté cette mode du sans gluten, qui surfe sur la vague du bien manger. Les établissements profitent de ce succès sans précédent et redoublent d'inventivité pour intégrer des formules gluten free à leur menu, si bien que le marché des produits sans gluten a doublé entre 2013 et 2014 en France. Mais au fond, est-ce bien judicieux de se priver de consommer des aliments à base de blé, de seigle et d'orge ?
Cet effet de mode, basé sur aucun réel fondement scientifique ou médical et principalement relayé par les médias, a intrigué un groupe de treize chercheurs des Universités de Columbia et d'Harvard. Leur étude, publiée dans le British Medical Journal (BMJ), a été réalisée sur un panel de 110.000 personnes parfaitement tolérantes au gluten entre les années 1986 et 2010. Tous les quatre ans, ces volontaires devaient remplir un questionnaire au sujet de leurs habitudes alimentaires. Après avoir divisé le panel en 5 groupes, allant des plus au moins gros consommateurs de gluten, les chercheurs ont également souhaité avoir des renseignements sur la consommation de viande, d'alcool, de fruits et légumes, mais aussi l’âge, l’indice de masse corporelle, la taille et l’activité physique des individus – entre autres données.
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En fonction des accidents coronariens, les scientifiques ont établi qu’il n’y avait aucune relation notable entre consommation de gluten et infarctus du myocarde pour les personnes qui ne souffrent pas de maladie cœliaque. Et la réduction de la consommation de grains entiers, qui piègent le cholestérol et ainsi diminuent les risques de maladies cardiovasculaires, peut exposer celles et ceux qui refusent de consommer du gluten, à s'y exposer au contraire davantage.
Brigitte Jolivet, présidente de l’Association française des intolérants au gluten (AFDIAG), renchérit en déclarant à Europe 1 que les produits sans gluten « ont été inventés pour les personnes malades, pas à destination du grand public », que la maladie en question « doit être diagnostiquée et donne lieu à un régime strict à vie » et que « ce n'est pas parce qu’on a mal au ventre en mangeant du gluten que l’on est intolérant ».
Conclusion : en dehors des personnes qui sont intolérantes au gluten, le régime ne semblerait en effet être d’aucune utilité pour les autres… Pire encore, il serait même déconseillé ! À nous d'ouvrir l'œil et de prendre en compte ce qui est important pour notre alimentation.