Deux chasseurs ont reconnu avoir abattu un animal menacé d'extinction. Ils encourent une peine de prison ferme ainsi qu'une lourde amende.
C'est une perte dramatique pour la conservation animale.
Une femelle pygargue à queue blanche - espèce protégée qui bénéficie d'un programme de réintroduction - a été tuée le mois dernier en Isère. Placés en garde à vue ce mercredi après plusieurs jours d'une enquête minutieuse, deux chasseurs ont reconnu avoir abattu l'animal.
Baptisé Morzine, le rapace venait à peine d'être relâché en pleine nature après avoir été élevé en captivité.
Pygargue à queue blanche (Image d'illustration). Crédit photo : iStock
Un pygargue à queue blanche abattue par deux chasseurs
La dépouille de l'animal a été retrouvée le 24 février près du sanctuaire de Notre-Dame de La Salette. Dans la foulée de cette macabre découverte, l'Office français de la biodiversité (OFB) a aussitôt ouvert une enquête pour « destruction, détention et transport d'espèce protégée », en compagnie de la brigade de gendarmerie de Monestier-de-Clermont.
Suite à ces investigations, les gendarmes ont rapidement remonté la piste de deux chasseurs d'une même famille, âgés de 30 et 35 ans. Ces deux suspects auraient d'abord tué deux chevreuils avant que l'un d'entre eux n'abatte le pygargue.
Le duo aurait ensuite abandonné le cadavre du rapace, non sans lui avoir arraché quelques plumes qui ont été retrouvées plus tard lors d'une perquisition menée chez l'un des individus.
Crédit photo : Capture d'écran / France 3
En garde à vue, les deux chasseurs ont reconnu les faits. L'un admettant être l'auteur du tir fatal, tandis que l'autre a simplement plaidé la complicité. Déférés au parquet de Grenoble ce jeudi 14 mars, ils encourent une peine pouvant aller jusqu'à trois ans d'emprisonnement et 150 000 euros d’amende.
Il s'agit du deuxième rapace abattu depuis le début du programme de réinsertion du pygargue, lancé dans la région à l'été 2022. Un véritable coup dur pour les défenseurs de cette initiative, alors que l'espèce est en danger critique d'extinction.
« C'est rageant parce qu'on sait à quel point il est difficile pour ces oiseaux, quand ils sont nés en captivité, de retrouver une place dans la nature. Quand ils y arrivent, la moindre des choses serait de leur laisser une chance », déplore ainsi Jacques-Olivier Travers, le fondateur du parc des Aigles du Léman, l'établissement à l'origine de ce programme de réintroduction.
L'intéressé dénonce par ailleurs « un acte gratuit insupportable » et espère désormais que la justice prononcera une peine exemplaire à l'encontre des deux braconniers.
Et de conclure : « Quand on est chasseur, on doit savoir ce qu'est une espèce protégée, on doit savoir faire la différence entre un aigle et un canard. Et quand on est à 1 700 mètres d'altitude et qu'on voit passer un aigle, on ne doit pas lui tirer dessus. Il faut arrêter ce massacre ».